Au Québec, la Loi sur les normes du travail (L.N.T.) prévoit un congé pour les salariés. La fête du Travail en 2020 était lelundi le 7 septembre [1]. Comme travailleuses et travailleurs, connaissez-vous les batailles de nos prédécesseurs pour cette importante reconnaissance? L’histoire ne vous intéresse pas, connaissez-vous au moins vos droits acquis par ces luttes ?  

L’histoire et le paradoxe entre la fête du Travail et la fête des Travailleurs.  La fête du Travail est une fête légale[2] marquant traditionnellement la rentrée après les vacances d’été.  La fête des Travailleurs a lieu, quant à elle, le 1er mai. Ce dernier jour n’est pas férié, mais il est souvent l’objet de manifestations par les grandes centrales syndicales, par les partis et les organisations de gauche. Ce jour est aussi vu comme étant la célébration de la classe ouvrière. Le paradoxe entre ces fêtes fait en sorte d’attribuer les batailles de nos prédécesseurs et les revendications actuelles davantage à la fête annuelle des Travailleurs du 1er mai alors que ces derniers travaillent et qu’ils sont en congé ou indemnisé lors la fête du Travail.          

D’où origine de la fête du Travail? Quelques historiens mentionnent que celle-ci tire son origine du mouvement pour la journée de travail de 9 heures « Nine Hour Movement » en 1872. Aux É-U, la American Federation of Labor and the Knights of Labor propose le 1er lundi de septembre comme jour de célébrations des activités dédiées aux travailleurs. Les chapitres canadiens de ces organisations emboîteront le pas[3]. Considérant que le mouvement prenait de l’ampleur à travers le monde, les organisations de travailleurs feront pression sur les gouvernements pour déclarer comme fête légale nationale le 1er lundi septembre.

Leurs impacts furent suffisamment significatifs que la Commission royale des relations de travail et de l’économie (1886-89) recommandera au gouvernement fédéral de reconnaître une journée de fête du travail.  Déjà, ce jour était officialisé par quelques municipalités. Par exemple, en 1889, Montréal avait décrété cette journée comme étant une fête civique. 

En mars et avril 1894, plus de 50 organisations de travailleurs de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba et la Colombie-Britannique interpellent les parlementaires.  Un projet de loi à l’effet de rendre obligatoire ce jour et proposé par le Premier ministre John Thompson fut l’objet d’un bref débat en mai 1894. La Chambre des communes modifia la loi sans grande discussion sur le sujet. La loi fut proclamée le 23 juillet 1894. En 1899, le Québec accorda un statut légal à cette fête et ordonne aux commissaires d’école de prévoir le début des classes à la suite du premier lundi de septembre.

Alors où se situe minimalement notre devoir de mémoire ? La réponse à ce dernier devoir est de faire respecter cette condition minimale et d’ordre public inscrite dans le Loi sur les normes du travail, pour vous, en respect de la mémoire de vos prédécesseurs et pour préserver cet acquis pour les générations futures de travailleurs.    

La Loi sur les normes du travail mentionne que le salarié (étudiant, etc.) travaillant pendant ce jour férié a droit à son salaire de la journée et à l’indemnité prévue par la Loi. L’employeur peut lui accorder un congé en compensation de cette indemnité. Ce congé doit être pris dans les trois semaines précédant ou suivant ce jour férié[4]. Pour le calcul de l’indemnité, voir le site Internet de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST)[5] 

Malgré le paradoxe entre ces deux fêtes, cette journée fériée est une autre occasion pour se rappeler notre histoire au niveau des conditions de travail. Les actions passées et réalisées par nos prédécesseurs sont les fondements des conditions actuelles et de la protection des droits des travailleurs d’aujourd’hui[6].    


[1] Article 60 de la Loi sur les normes du travail

[2] Jour de fête religieuse, civile ou nationale, qui est fixé en vertu d’une loi, d’une convention collective, d’un décret, ou qui est établi par l’usage, et où il y a généralement cessation du travail. Office québécois de la langue française, 2014

[3] Traduction libre de l’anglais, extrait de l’article « Labour Day in Canada » par Marc-André Gagnon publié le 7 février 2006 et mis à jour par Nathan Baker le 21 août 2019, site Web,  https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en

[4] Article 63 de la Loi sur les normes du travail

[5] https://www.cnt.gouv.qc.ca/conges-et-absences/jours-feries/index.htmlhttps://www.services.cnt.gouv.qc.ca/outilscalcul/jourferie

[6] Traduction libre de l’anglais, extrait de l’article «The First Labour Day» par Joanna Dawson le 31 août 2011, site Web, https://www.canadashistory.ca/home.aspx